Histoire de l’archet, objet unique en son genre

S’il est un savoir-faire pour lequel la France excelle, c’est bien la lutherie et plus précisément l’archèterie. L’objet parait simpliste d’apparence, mais il n’en est rien : fabriquer un archet requiert de la minutie et un grand nombre de connaissances. Les archets ont évolué au fil du temps. Ils étaient plus courts et à la mèche plus fine à l’époque de la Renaissance notamment. La forme qu’on leur connait désormais n’a vu le jour qu’à la fin du XVIIIème siècle.

Un archet, une histoire

A partir du XVIIIème siècle, la principale évolution dans la fabrication d’archets réside dans la possibilité d’ajuster la tension de la mèche. En effet, cela est lié à l’apparition de la musique baroque, pour laquelle les musiciens ont des besoins différents. Xavier Tourte, grand luthier de son époque, travaillera à la conception de ces nouveaux archets. L’année 1800 fût une date clé dans le milieu de l’archèterie, avec l’apparition du modèle d’archet “définitif”, tel qu’on le connait aujourd’hui.

Les archets baroques laissent désormais leur place à des modèles contemporains, qui évoluent encore de nos jours. Si la mèche en crin de cheval reste la norme, des archetiers et musiciens testent par exemple un archet en crins synthétiques.

Mirecourt, berceau de l’archet

Au XVIIIème siècle naît à Mirecourt Jean-Baptiste Villaume, qui marquera l’histoire de la lutherie. Formé par son père et passionné par la lutherie, il y investira tout son temps et toute son énergie. Sa vie sera faite de voyages et d’apprentissages variés, afin de devenir et de rester le meilleur luthier et archetier de son siècle. Connu pour son savoir-faire, il fréquentera les plus grands musiciens, dont Berlioz, pour ne citer qu’un nom.

Fortement inspiré par les plus grands luthiers de Cremone, en Italie, il passera malheureusement sa vie à copier leurs ouvrages. En effet, à cette époque les instruments italiens sont la référence, et les exemplaires français, bien qu’excellents, peinent à se faire remarquer. Villaume n’en reste pas moins un excellent artisan, reconnu pour sa spécialisation dans l’univers des instruments italiens. Son atelier parisien verra passer les plus grands violons.

Il remportera de nombreuses médailles d’or lors de concours de son, preuve de ses compétences inégalées au XIXè. Aujourd’hui encore, de nombreux musiciens possèdent des instruments fabriqués par Jean-Baptiste Villaume, réputés pour leur excellence.

Toute l’histoire de cet homme explique la création d’une école de lutherie à Mirecourt, qui porte son nom. Ecole unique en son genre en France, c’est là-bas que sont formés les luthiers et archetiers français.

Déclin et renaissance de l’archèterie

La fabrication d’archet est à son apogée jusque dans les années 30. C’est à cette époque que les styles de musique se diversifient, que la musique classique n’est plus la seule référence. Dans les années 70, André Malraux alors ministre de la culture, va permettre indirectement à l’archèterie de revenir sur le devant de la scène. En effet, il souhaite relancer la pratique musicale, et accompagné de luthiers de renom, le projet porte ses fruits. C’est à cette époque que l’école nationale de lutherie de Mirecourt voit le jour.

Une nouvelle génération d’archetiers naît alors. Tout d’abord formés au sein de l’école, ils seront à leur tour maîtres d’apprentissage pour les jeunes luthiers. En 1978, la première femme “archetière” ouvre son atelier à Paris, il s’agit de Sylvie Masson. Le métier se modernise, mais le savoir-faire reste identique.

La France est réputée pour être le berceau de l’archèterie, en partie grâce à Mirecourt. Dans les différents concours de lutherie et plus spécialement d’archèterie, les français raflent les premières places très régulièrement. Des musiciens de renom utilisent des archets français et ne s’en séparent pas, et ils le font savoir.

On recense environ 70 archetiers en France de nos jours. Cela paraît peu, mais chacun possède sa spécialité, et contribue à le reconnaissance de ce savoir-faire à travers le monde.